Depuis le 15 juillet, jour de ton arrivée Aven, en plus du plaisir immense de te voir enfin, la peur s’était invitée dans ma vie.
Peur de ton intégration dans le troupeau (vas tu être blessée par les autres ? comment vas-tu t’en sortir ?), peur à tes côtés (la fougue de ta jeunesse, on ne se connait pas, je n’ai pas tes codes…), peur de monter sur ton dos la première fois ( comment vas tu réagir, même si on m’a dit que tu es super cool, je dois vérifier par moi même, et puis tout est nouveau pour toi, tu pourrais avoir des réactions non prévues ?), peur de partir en balade ( vas-tu faire des écarts, partir en courant, attaquer mon chien, botter les autres chevaux, trébucher sur les cailloux et les racines ?), peur que tu ne sois pas sécure pour les séances de médiation équine, peur de ne plus être aussi vive qu’avant pour m’adapter à tes réactions, peur de ne pas être parfaite avec toi et pour toi, peur de te faire peur avec ma peur…
La peur est une émotion très utile pour nous mettre à l’abri du danger.
Mais quand le mental s’en empare et qu’il la fait tourner en boucle et grossir, ca devient problématique. Notre mental prend appui sur le passé pour projeter nos peurs sur l’avenir. Si je suis tombée de Juliette il y a trois ans en me faisant très mal et très peur, le mental va rejouer cette scène à chaque fois que j’enfourche Aven.
Alors que faire?
être conscient-e de ce phénomène.
respirer et s’ancrer.
faire lentement et tranquillement connaissance avec l’autre, et laisser grandir la confiance et l’amour pour remettre la peur à sa juste place: celle de la vigilance à ne jamais abandonner, qui nous garde à l’abri.
se laisser du temps.
ne pas s’obliger à faire des choses qui nous font trop peur, nous respecter et réduire et fractionner les gros défis à des petits pas plus faciles.
Se faire accompagner par quelqu’un en qui on a confiance
…
Et samedi dernier, en allant chercher Aven dans le pré pour la seller, j’ai senti que sur la balance peur- confiance, les choses s’étaient inversées. J’ai vu clairement la peur se rabougrir, et la confiance s’ expanser.
J’ai pu alors me laisser aller pleinement pour la première fois depuis l’arrivée d’Aven: je me suis donnée à elle, et clairement je l’ai sentie se donner à moi en retour. Comme si elle n’attendait que ce moment. Et dans cette balade pour la première fois la joie est montée pleinement, jusqu’au retour où nous avons toutes deux fait nos premières foulées de galop ensembles.
Aven, tu es désormais ma jument et je suis ton humaine, pour toutes les années que nous vivrons ensembles.
Et vous, vous vous occupez de vos peurs pour les remettre à leur juste place?