mes axes de travail en séance: le cheval facilitateur de communication (leadership et respect)

Le cheval est un animal grégaire, il ne communique pas de façon verbale comme nous, mais dispose de tout un répertoire d’attitudes , postures et rituels pour communiquer avec ses semblables. La position de ses oreilles (pointées en avant pour la curiosité, pendant mollement sur les côtés en détente, en arrière pour menacer ou montrer sa peur…) sa queue (levée en action, fouillant pour marquer l’énervement…) son encolure (relevée en excitation, tendue pour menacer…) sa bouche (flehmen pour sentir les hormones, machouillante en soumission, dents montrées pour menacer…) et le positionnement de son corps sont des messages très clairs pour les autres chevaux, et aussi pour les humains se donnant la peine d’apprendre leur langage.

D’autre part nous avons déjà dit que c’est une proie, sa survie dépend de son intégration dans un groupe soudé, qui fera face ensemble, ou fuira face au danger. La solidarité dans le troupeau dépend de deux facteurs essentiels, un hiérarchie fixée où chacun trouve sa place, et une communication très claire à base de rituels.

Le dominant a un accès privilégié aux ressources, et va chasser les autres pour se servir en premier. Mais les proies n’ont pas intérêt à se blesser entre elles, elles seraient alors à la merci des prédateurs qui choisissent les animaux malades, faibles ou blessés lors de leur chasse. Pour cela, et quelles que soient les circonstances et le message à faire passer, le cheval se sert de quatre phases progressives, de la phase 1 où il demande poliment à l’autre de se pousser, à la quatre où il va se jeter dents dehors sur celui qui n’a pas obéi aux sommations auparavant. Là on verra des mâchoires retroussées, des ruades et des coups de pied qui volent. Ceci est spectaculaire mais même alors les chevaux font attention à ne pas s’infliger de choses plus graves que des poils arrachés superficiellement.

Les chevaux développent en parallèle de la hiérarchie des amitiés fortes entre certains membres du groupe, se traduisant par des comportements d’entraide (chasse mouche tête bêche) et du grooming (grattage mutuel à deux). Observer deux chevaux qui commencent une séance de grooming est très intéressant, nous les voyons poser leur nez sur une partie du corps de l’autre cheval, l’autre fait la même chose, et par ajustement progressif et intuition, les deux s’ajustent et se grattent exactement là où ils le désirent.

Le besoin pour un cheval de savoir quelle est sa place dans la hiérarchie le pousse à tester l’humain qu’il rencontre pour la première fois, et à envahir son espace. Cela va permettre en séance de travailler sur la défense de sa bulle, préalable au respect mutuel. Pour cela il faudra utiliser les quatre phases pour le faire sortir de sa bulle, par exemple sur le principe du jeu du yoyo de Pat Parelli : on met un cerceau au sol avec la personne au milieu, elle doit faire reculer le cheval en secouant la longe, d’abord poliment, puis de plus en plus fort, en redescendant les phases dès que le cheval obéit. On le rappelle ensuite en se penchant en avant et en tirant de plus en plus fort sur la corde pour faire monter les phases.

Pour gagner encore plus la confiance du cheval on peut faire du grooming avec lui (le brosser, le gratter en essayant de deviner ce qu’il veut), et utiliser le jeu de l’amitié de Parelli en lui faisant le chasse mouche avec un grand stick. Lorsqu’on est devenu son leader il se sent en sécurité avec nous et accepte alors la connexion pour nous suivre en confiance : c’est le « join up » décrit par Monty Roberts.

Les axes de travail qu’on peut développer sont : conscientisation de l’invasion de son espace, travail de communication avec les phases, qui donnent d’excellents résultats avec les humains , éprouver dans son calme, sa posture et sa gestuelle comment on gagne le respect des autres, développer la confiance en soi car lorsque tous ces préalables sont mis le cheval est en connexion et prêt à collaborer avec l’humain en réalisant de petits défis derrière la personne (slalomer entre des plots, enjamber des barres, monter sur une plateforme en bois, franchir une bâche qui fait du bruit…), développer sa pratique du langage non verbal (80 % de la communication entre humains)

Un exemple : R. en séance avec Phoebus après un temps de prise de contact et de brossage, reçoit la consigne de tourner autour du rond avec le cheval. Phoebus la coince calmement au bout de 6 ou 7 pas contre la barrière, en la dépassant et en se positionnant devant elle, ne lui laissant pas d’issue. Elle est dans l’impossibilité de continuer et doit alors passer sous son encolure pour repartir. Le manège se répète trois fois avant que R. très désemparée n’avoue son impuissance à continuer, mais en ne conscientisant pas qu’elle a un problème pour faire respecter son espace par le cheval. Après l’exercice du cerceau au sol et la mise en application du jeu du yoyo, R. réussit après 20 minutes grâce aux phases à faire reculer Phoebus jusqu’à 5 mètres d’elle, puis à le faire revenir et le stopper exactement là où elle le souhaite. Elle obtient ainsi le respect et le consentement de Phoebus pour la suivre autour du cercle à une distance respectueuse, et même enjamber une petite barre derrière elle. Pour R. qui a exprimé en début de séance son problème à initier la relation avec des personnes qu’elle apprécie car elle craint d’être rejetée, c’est une prise de conscience qu’elle doit être proactive et ne pas se soumettre au bon vouloir des gens en laissant envahir sa bulle par les autres.

 

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