Les histoires du centre de médiation équine Imala

Vous découvrirez ici au fil du temps l’histoire du centre Imala, de ses prémices à sa réalisation, avec comme fil conducteur l’amour entre moi et les animaux qui partagent ma vie. Elles sont diffusées chapitre par chapitre, au gré de mes inspirations. Elles sont issues de ma mythologie personnelle, dans laquelle les animaux parlent et ressentent comme nous, même lorsqu’ils ne sont plus de ce monde… Prenez ce qui vous plaît, au gré de vos croyances!

IMALA: la rencontre.

Nathalie
La première fois que je l’ai vue, elle avait six ans. Je venais d’accoucher de mon premier fils
et de perdre ma mère, tout ça en même temps. Trop de bonheur et de tristesse à la fois, je ne
savais plus trop où j’en étais…
Claude m’avait parlé d’une jument grise barbe-arabe, d’après lui une crème, belle et gentille,
« faite pour moi » avait-il dit.
Et me voilà donc devant elle.
Belle en effet, bien faite, robuste mais féminine, pas trop grande, blanche pommelée, et un air
un peu austère car elle n’avait pas de toupet : Imala s’était cabrée dans un van dans sa
jeunesse en heurtant le plafond, et il avait fallu recoudre le dessus de la tête, donc les crins ne
poussaient plus…
Mais surtout elle dégageait un calme profond, et une spiritualité qui m’ont tout de suite attirée
dans l’état où j’étais.
La balade proposée ensuite par son propriétaire pour l’essayer n’a fait que confirmer la
certitude absolue que c’était elle qu’il me fallait : calme mais avec du répondant, et une
impression de grande sécurité sur son dos. Elle faisait attention à son cavalier comme une
mère veille sur son enfant…
Et l’affaire a été faite, son propriétaire me l’a amenée à la maison quinze jours plus tard.
Je ne sais pas grand-chose de son passé.
Je sais qu’elle est née en Tunisie, et qu’elle est venue en France par bateau.
Je sais l’histoire du van, je sais aussi qu’elle a été attachée un jour avec un licol solide et un
gros fil d’acier et qu’on l’a laissée se débattre longtemps pour lui apprendre à ne jamais tirer
au renard, je sais qu’elle n’a pas dû rigoler pendant les trois premières années de sa vie parce
qu’elle a gardé toute sa vie une certaine retenue vis à vis de l’homme et qu’elle ne faisait
jamais de démonstration de douceur.
A trois ans elle a été achetée pour faire de l’endurance et a été bien débourrée, avec de bonnes
bases, mais sans plus de tendresse que cela. Elle était donc très appliquée au travail, et elle a
mis chez moi plusieurs semaines avant d’oser regarder le paysage en balade, elle ne savait que
courir. Elle a gardé toute sa vie son désir de bien faire et de contenter son cavalier au
maximum.
Imala
Lorsqu’elle me prépare dans mon box à partir en balade, c’est comme une chorégraphie
intime, qui nous appartient à nous seules. Elle me frôle, ajoute à chaque geste utile et précis
une caresse, tourne autour de moi avec brosse, puis tapis, selle et bride, demande mes pieds
avec politesse pour les curer, ne serre pas la sangle au début car je n’aime pas cela. D’ailleurs
je lui rappelle à chaque fois de faire attention en tournant la tête vers elle quand elle est prête à
sangler. Et à chaque fois elle me dit « oui oui, je fais attention, ne t’inquiètes pas ! ». Ces
moments sont pleins de promesses, plaisir anticipé de la balade que nous allons faire toutes
deux, calme et douceur dans cet espace clos qui nous enserre comme un cocon. Je lui souffle
dans le cou quand elle passe, et je savoure ces instants où elle est toute à moi. Nous
communions déjà, bien avant qu’elle ne monte sur mon dos et que nous ne changions de
forme pour devenir un centaure courant les bois.
Nathalie
Au fur et à mesure nous nous sommes synchronisées toutes les deux. Les prémices des
premières balades ont fait place à un communion telle, que je ne l’ai jamais connue avec un
autre cheval. Ça ne veut pas dire que je n’ai pas de plaisir à monter d’autres chevaux. Ça veut
dire qu’avec Imala nous étions au delà du plaisir. Nous étions UNE . Je pensais, elle faisait. Si
elle avait envie de quelque chose, je le savais. Ou plutôt, nous avions envie des mêmes choses
au même moment : un petit galop au milieu des arbres, une halte ressourçante pour elle et
moi, un pas tranquille au milieu des hêtres qui agitaient doucement leurs feuilles pour nous
saluer, un trotting féroce et défoulant sur plusieurs kilomètres, pour le plaisir du retour à la
maison.
Imala
Ensembles, nous avons tout fait.
J’ai eu la joie de vivre avec elle des courses d’endurance, auxquelles mon humain précédent
m’avait préparée. Comme moi elle s’en moquait de gagner, nous aimions juste courir, trotter et
galoper dans les chemins et les bois en compagnie d’autres chevaux et cavaliers animés par la
même passion. Je connaissais la musique, oh oui, et j’aimais les soins attentifs dont elle
m’entourait à la pause, la douche fraîche, mon seau de granulés, la prise du rythme cardiaque,
et ensembles nous attendions le verdict du vétérinaire pour savoir si nous pouvions repartir
pour la prochaine étape.
Nathalie
Lorsqu’on galope suffisamment longtemps, et là il s’agissait de courir sur 60 Km interrompus
par deux pauses de récupération et deux contrôles vétérinaires, il se produit une alchimie,une
installation progressive dans un effort partagé, qui aboutit à une synchronisation parfaite du
cheval et du cavalier, une sécrétion commune d’endorphines qui met dans un état second,
faisant accéder à une fluidité dans l’effort, à une espèce de monde parallèle où plus rien ne
compte que le cadencement du petit galop, le souffle de l’effort, le paysage qui défile – hop la
jument évite ce petit trou, mon corps accompagne d’instinct – la joie d’être ensembles. Comme
elle aimait cela ! Et moi aussi ! Le soir nous revenions, souvent bredouilles, toujours
heureuses…

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